Les régions affirment leur rôle dans la gestion de la crise
Mobilisées depuis le mois de mars sur la crise sanitaire, les régions entendent jouer pleinement leur rôle dans la mise en œuvre du plan de relance. Elles l’ont affirmé avec force lors de leur récent congrès annuel, « Les Régions, QG de la reconstruction ».
« Il faut aller vite, aller fort, aller loin ! », a lancé Renaud Muselier, président de Régions de France, à propos de la gestion des conséquences de la crise sanitaire. C’était le 19 octobre dernier, lors du Congrès annuel de l’Association des régions, intitulé « Les Régions, QG de la reconstruction ». L’événement, initialement prévu au Palais des Congrès, à Paris, s’est déroulé en format numérique, depuis le siège de la Région Île-de-France, à Saint-Ouen. Il a notamment accueilli Jean Castex, Premier ministre, Christine Lagarde, Présidente de la BCE, Banque Centrale Européenne, ainsi que Gérard Larcher, président du Sénat.
Moins d’un mois avant la tenue du congrès, Renaud Muselier, également président de la Région Paca, avait annoncé déposer un recours collectif contre la décision gouvernementale de fermeture des bars et restaurants à Aix-Marseille, prise pour des raisons sanitaires…Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres des relations parfois tendues entre l’État et les régions, sur la gestion des risques sanitaires et de leurs conséquences économiques, et qui furent au cœur des échanges, lors du congrès. « Les régions donc, peuvent et doivent être les pivots de ce plan de relance », a déclaré Renaud Muselier. Une position qui semble recueillir des assentiments divers. Dont celui des Français, à en suivre un récent sondage Ipsos pour Régions de France : globalement, ils jugent plus efficace l’action des collectivités locales que celle de l’État. Et en particulier, 52% d’entre eux auraient été satisfaits de l’action des régions dans la lutte contre l’épidémie. Côté patronal, « la mobilisation de l’enveloppe doit être rapide et il faut éviter les travers d’une mise en œuvre trop lente. Donner plus de pouvoir à l’échelon de proximité dans la mise en œuvre du #planderelance me semble la bonne solution», a réagi Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, sur les réseaux sociaux. Concrètement, le 28 septembre dernier, un accord de partenariat a été signé entre le gouvernement et les Régions, définissant la mise en œuvre du plan de relance économique qui mobilise 40 milliards d’euros d’investissements, à parts égales entre l’État et les régions.
Des craintes sur la mise en œuvre du plan
En dépit de ce partenariat officiel, « ici et là, des signaux faibles se font entendre qui peuvent semer le trouble sur la manière dont cet accord va se traduire dans la pratique », a relevé Renaud Muselier, lors du congrès. Par exemple, les préfets n’avaient pas encore reçu mandat des crédits mis à leur disposition dans le cadre des accords de relance. Et la circulaire qui précisait la manière dont devaient s’organiser les comités régionaux de suivi du plan de relance se faisait aussi attendre. Lors du congrès, Jean Castex s’est voulu rassurant. Il a par exemple annoncé la transmission aux préfets des mandats « dans la semaine ». Le Premier ministre a également promis que « dès les semaines prochaines, 16 milliards d’euros seront suivis par les préfets de région pour qu’ils mettent en œuvre en régions le plan de relance ». Autre promesse de Matignon : prendre en charge les difficultés financières des autorités organisatrices de la mobilité nées de la crise du Coronavirus.
Parmi les autres thématiques abordées lors du congrès a également figuré celle de la décentralisation. Lors de son arrivée à Matignon, début juillet, Jean Castex, avait déclaré faire de la politique des territoires une priorité. Mais dans ce domaine, le 19 octobre, ses annonces ont été limitées. Le Premier ministre a renvoyé le sujet à la rencontre prévue le lendemain entre les collectivités et l’État, au sujet du projet de loi 3D ( déconcentration-différenciation-décentralisation).
Mais pour ce congrès de fin de mandature, un autre sujet s’imposait aussi : les élections régionales et départementales à venir, et l’éventualité d’un report du scrutin, prévu en mars 2021. Quelques jours auparavant, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avait annoncé la mise en place d’une commission associant l’ensemble des forces politiques pour étudier la question.« Je le dis clairement, je n’accepterai pas qu’on nous fasse le coup du calendrier, de report en report. C’est une urgence pour redresser le pays », a tweeté Gérard Larcher. Pas certain que le sujet, très politique, fasse l’unanimité des présidents des différentes régions.
Anne DAUBREE