Manger du pain d’épice même en temps de crise
Fondée en 1796, la maison Mulot et Petitjean s’emploie à traverser la crise sanitaire en prenant en compte la santé de ses salariés, les demandes de ses clients et la gourmandise des consommateurs. Nadège Hubert
« Manger des sucreries peut devenir un réflexe en période de stress. » Loin de vouloir minimiser la crise sanitaire actuelle, Catherine Petitjean tente de garder le sourire alors qu’elle adapte au quotidien l’activité de son entreprise. En boutique, la consigne est claire : deux personnes maximum et les collaborateurs restent en retrait derrière la banque de caisse désinfectée régulièrement. Dans l’unité de production qui compte normalement une trentaine de personnes, la dirigeante a pris des mesures depuis une semaine déjà. « Nous avons identifié les plus fragiles, âgées ou à la santé fébrile, et les avons placées en chômage partiel. » Six collaborateurs ont ainsi profité de cette disposition avec maintien du salaire. « Nous finançons et l’Etat devrait en rembourser une partie » espère la cheffe d’entreprise. Cinq ou six collaborateurs ont quant à eux rejoint leur domicile pour assurer la garde des enfants tandis que les personnels administratifs ont été invité à rentrer chez eux, en chômage partiel également. Seul le comptable reste à assurer le standard. « Pour l’instant nous avons encore deux équipes de 15 personnes mais nous n’arrivons pas à assumer les roulements donc on va réduire à une seule équipe, ça devrait suffire pour assurer la production et l’expédition. »
Répondre à la demande
Bien qu’elle évolue dans l’univers de l’agro-alimentaire, Catherine Petitjean ne prétend pas que son activité et ses produits soient aussi essentiels que les pates ou les légumes. Pour autant, elle continue à assurer l’approvisionnement des clients tels que les grandes et moyennes surfaces. « Certaines enseignes demandent à l’ensemble de leurs fournisseurs de stocker plus que d’habitude. » Pour l’heure, le pain d’épice n’est pas encore un produit de première nécessité.
Penser à la suite
« Nous aurons assez de stock pour la reprise. » Si elle veut afficher un certain optimisme, Catherine Petitjean n’en reste pas moins réaliste. « On va avoir du mal à s’en remettre. » A l’approche de Pâques et de la saison touristique, même si elle ne l’a pas encore estimé, la dirigeante voit déjà la baisse annoncée de son chiffre d’affaire de cinq millions d’euros en 2019. « Ça aurait été pire en amont des fêtes de fin d’année ! » Pour l’heure, elle a suspendu le paiement des impôts et espère que l’Etat et les partenaires bancaires accompagneront la suite. « Ce qui pose problème, ce sont les investissements que je vais devoir repousser. » L’entreprise prévoyait ainsi d’engager un million d’euros pour acquérir du nouveau matériel et réduire ainsi les temps de chauffe et par répercussion, sa consommation d’énergie.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert