Produire des jeunes talents au Creusot
Après avoir ouvert une école de production à Chalon-sur-Saône en 2017, l’UIMM de Saône-et-Loire s’est entourée de partenaires pour reproduire le modèle au Creusot. Explications.
Le problème n’est pas nouveau. Quand l’UIMM 71 a créé l’école de production de Chalon-sur-Saône en 2017, le principe consistait à accompagner le redéploiement de la filière nucléaire et de ses sous-traitants en formant des usineurs. « Nous l’avions cofondée avec EDF pour former des usineurs pour sa filière nucléaire mais depuis nous nous adressons plus largement à toutes les branches de la métallurgie qui ont un besoin fort en recrutement » souligne Isabelle Laugerette, secrétaire générale de l’UIMM 71.
Une autre façon d’apprendre
Dès cette époque, l’Union des industries et métiers de la métallurgie identifie le secteur géographique du Creusot pour une future école. « Nous voulions d’abord tester le modèle pour voir ce qui marche. Le besoin fort en compétences et l’opportunité d’une économie qui se relance ont été le déclencheur. » Une école de production creusotine, sur le même modèle que celle de Chalon-sur-Saône, ouvrira donc en septembre prochain.
Douze étudiants feront ainsi leur rentrée pour apprendre leur futur métier, sur une période de deux ans. Si la première école se consacre à l’usinage, le futur site du Creusot mettra l’accent sur la chaudronnerie et le soudage. « Ces métiers sont en tension et on répertorie des centaines de besoins sur notre département. Il y a un besoin accru lié au développement de l’industrie métallurgique en général et du nucléaire en particulier » souligne Isabelle Laugerette.
Plus qu’une école
La secrétaire générale de l’UIMM 71 développe la méthode d’enseignement : « C’est un modèle de formation complémentaire à l’apprentissage, l’alternance ou l’enseignement classique. » Formés en continu, cinq jours par semaine, les élèves passent 70% du temps en atelier et seulement 30% en classe. « Nous inversons le système, car il s’adresse à des jeunes, souvent mineurs, en mal de repères et à qui le modèle scolaire ne convient pas. » Le travail mené en atelier se base sur des commandes extérieures, une source de motivation pour les jeunes. « Ils réaliseront des pièces commandées par des clients bien réels avec des attentes de délais, de qualité et de coût. C’est une façon d’apprendre un métier proche de ce qu’ils auront à faire en entreprise. »
Le prix de la vente des pièces servira à financer le fonctionnement de l’école. Soutenu par la communauté urbaine Creusot Montceau ou encore la Région et BPI France, le projet s’intègre dans un ensemble plus grand nécessitant près de six millions d’euros d’investissement. « Nous avons l’idée de faire un site complet avec la nouvelle école mais aussi un plateau technique pour les apprentis, les salariés et les demandeurs d’emploi. » En parallèle, Framatome, Safran ou encore Alstom pourront solliciter les étudiants pour la réalisation de pièces… avant de profiter d’une main d’œuvre formée.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert