Quand la chaussette devient masque
Alors que la crise frappe de plein fouet le secteur de l’habillement avec des boutiques qui ont dû baisser le rideau à deux reprises, les industriels textiles ont fait preuve d’adaptation. L’entreprise Perrin, fabricant de chaussettes et de collants depuis 1924, a mis le cap sur les masques.
Habituée à fabriquer des chaussettes, des collants, mais aussi des chapeaux, des bonnets, des écharpes et autres mitaines, la bonneterie Perrin s’est orientée vers les masques. Avec la crise sanitaire, devant la difficulté à trouver des masques lors du premier confinement, l’entreprise avait répondu présent en utilisant ses lignes de production en ce sens. « Avec la seconde vague, nous avons commencé à fabriquer des masques de plus petites tailles pour les enfants » détaille Franck Couturier, directeur général adjoint. La société Perrin a ainsi réalisé 25 000 masques adultes pendant la première vague et 5 000 pour les enfants lors de la seconde vague. L’importation et les masques réutilisables ont, depuis, fait baisser les commandes. « Nous avons fait des masques en coton bio avec des matières cultivées sans pesticide et un contrôle sur les teintures naturelles. » Les collectivités locales et les écoles ont joué le jeu du soutien local en passant commande à l’entreprise de Montceau-les-Mines précise le directeur général adjoint.
Une entreprise emblématique
Depuis 1924, les chaussettes Perrin se sont fait une place de choix parmi les spécialistes du secteur. Elles le doivent à leurs quatre marques : « Berthe aux grands pieds » pour les chaussettes festives et créatives ; « La chaussette française » dédiée aux hommes ; « Dagobert à l’envers » avec une collection de chaussettes réversibles et ses caleçons assortis et enfin « Perrin 1924 » qui met l’accent sur des chaussettes techniques orientées vers le bien-être et le confort. « Au total, nous avons 500 modèles qui permettent de répondre à 95 % de la demande du marché de la chaussette. » Sur un chiffre d’affaires de 7,9 millions d’euros, 7 % sont consacrés à l’export vers la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, mais aussi le Japon et les Etats-Unis. « Pour les matières naturelles, nous travaillons la laine peignée, le bambou, la soie naturelle d’Asie, le fil d’Ecosse, le coton, le cachemire. Nous avons aussi du synthétique pour les tissus techniques. » Les filatures sont, quant à elles, implantées en Europe.
Faire face à la crise ensemble
De 5 000 paires de chaussettes produites par jour, soit 1,2 million de paires fabriquées par an, l’entreprise Perrin et ses 125 salariés sont tombés à la fabrication de 2 000 paires pendant le confinement. « Nous estimons la perte à 15 ou 20 % en 2020 » regrette Franck Couturier. « Nos 1 150 détaillants ont dû fermer leurs portes pendant quatre mois, donc même s’ils ont fait un peu de vente en ligne, on enregistre une baisse. On s’inquiète aussi pour ces revendeurs. » Le directeur général adjoint se réjouit cependant d’avoir constaté un regain d’intérêt des Français pour les produits de leur territoire. « On sent que les consommateurs ont pris conscience du rôle des petits commerces et du « made in France ». Une chaussette française n’est pas au prix d’une chaussette chinoise, mais elle apporte la qualité et maintient une activité et une dynamique sur un territoire. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert