Le Pote Âgé Tolérant
Dominique Flores est maraîcher depuis juillet 2022 à Antully et il a choisi de produire ses légumes sans travailler la terre.
« J’ai eu envie de changement professionnel » résume Dominique Flores, maraîcher à Antully depuis 2022. Electricien dans le privé puis pour la ville du Creusot, il a laissé derrière lui ce travail exercé pendant près de 40 ans pour s’adonner à sa passion. Aguerri au jardinage, il n’est pas cependant pas pleinement convaincu par les méthodes traditionnelles et se lance dans quelques recherches en ligne pour son potager personnel d’abord.
« J’ai découvert une autre manière de jardiner, notamment avec la permaculture mais ça va au-delà. Je me base sur les origines de la nature » résume-t-il. Pendant trois ans, il suit ainsi les formations gratuites en ligne proposées par « Ver de terre production » et dispensées par des ingénieurs agronomes qui expliquent la culture sur sol vivant. Dans cette approche, pas de travail du sol, mais la mise en place de pratiques qui favorisent la présence, notamment, des lombrics. Lesquels luttent contre le compactage du sol et favorisent la présence des matières organiques indispensables aux cultures. « J’ai donc d’abord commencé par déposer beaucoup de matière sèche organique. A titre de comparaison, il faut savoir que la forêt dépose trente tonnes annuelles à l’hectare, soit trois kilogrammes au mètre carré. »
Se lancer comme un pro
« Mais, entre un jardinier du dimanche et la production économique, il y a un grand pas » sourit Dominique Flores qui reconnaît qu’il « fait encore des erreurs. » En juillet 2022, il installe son « Pote Âgé Tolérant » sur un terrain de 1 500 mètres carrés prêté généreusement par un agriculteur dans sa commune d’Antully. Il y produit des légumes de saison et parmi ceux-ci se trouve la pomme de terre sous paille, appelée également la pomme de foin, une technique de permaculture. « Je pose le plant sur le sol et je mets 50 centimètres de foin légèrement tassé dessus. Je ne fais ni buttage, ni arrosage, ni désherbage. Le travail porte sur le foin. » Avec une récolte de 1,3 kilogramme par plant, il se satisfait du résultat et du goût différent obtenu.
Ail, oignons, échalotes mais aussi poireaux, courgettes, laitues, courges, potimarrons, choux, tomates, carottes, … Il n’ajoute aucun produit de synthèse et n’est cependant pas confronté aux maladies. « Sans travailler le sol, il y a moins d’attaques même si j’ai dû faire face à quelques prédateurs. Pour les limaces, je m’autorise encore quelques granulés bleus en début et fin de saison le temps que le sol soit prêt. »
Transformer le maraîchage
Le maraîcher « s’émerveille chaque jour de voir la nature à l’œuvre », de sa capacité à s’autogérer et à consommer le minimum d’eau en s’approvisionnant dans le sol. Cependant, il se confronte toutefois à quelques difficultés. « Pour les tomates, tout se fait en extérieur donc il y a plus de risques de tout perdre selon la météo. » La seule serre dont le cinquantenaire dispose lui sert pour ses plants, tandis que sa seule aide mécanique consiste en une brouette électrique. Ses clients viennent se fournir à l’exploitation ou sur les marchés du Creusot ou d’Autun où il se rend plusieurs fois par semaine. L’occasion également de partager ses convictions : « On peut nourrir la planète sans travailler le sol, mais il faut sensibiliser les politiques à cette méthode. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert