Une feuille de route pour le numérique en santé
La feuille de route du numérique en santé pour la période 2023-2027 a été lancée en mai dernier avec une thématique forte : « Mettre le numérique au service de la santé ». Porté par la délégation ministérielle au numérique en santé, le dispositif devra relever plusieurs défis.
Trois valeurs, 4 axes, 18 priorités et 65 objectifs. La feuille de route du numérique en santé pour la période 2023 – 2027 a été officiellement initiée en mai dernier par la délégation ministérielle au numérique en santé. Convaincue, que le numérique peut relever les défis de la santé, Maria-Alice Bertolim, enseignante-chercheuse, mathématicienne et responsable de l’option e-santé à l’école d’ingénieur ESEO, s’intéresse de près au dispositif. « Il y a eu une première feuille de route 2018-2022 avec un travail considérable des acteurs de la santé. L’Etat a développé les infrastructures dans l’intérêt du numérique et de la santé. »
La spécialiste met ainsi en avant de nouveaux outils mis à la disposition des usagers comme « Mon espace santé » ou « le carnet de santé numérique », utilisé par 90 % de la population française. « L’autre axe de travail a consisté à mettre en œuvre un cadre de collaboration entre les professionnels, les usagers, les industriels et tous les acteurs de la santé. »
Éthique, souveraineté et durabilité
Les trois valeurs fortes de la nouvelle feuille de route, déclinées sur l’ensemble des objectifs, mettent l’accent sur l’éthique, la souveraineté et la durabilité. « Les usages du numérique doivent être en accord avec l’éthique. Par exemple, lors d’une téléconsultation, que deviennent les données, a-t-elle été enregistrée, le dispositif est-il accessible à tous ? » Maria-Alice Bertolim soulève la question de l’anonymat lorsque des données sont utilisées.
La notion de souveraineté invite quant à elle à se prémunir des GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. « Ils investissent beaucoup dans le champ de la santé donc il est important de ne pas leur laisser les clés, de trouver des alternatives européennes pour garder la main sur notre destin. »
Enfin, l’enseignante-chercheuse insiste sur l’importance de la durabilité. « On ne peut pas construire quelque chose sans s’interroger sur ce que ça va devenir demain. Il faut mesurer l’impact écologique. » Elle encourage par exemple à prendre en compte d’une part l’empreinte carbone des serveurs stockant les données, mais aussi, de l’autre, à calculer les déplacements évités grâce au numérique. « Le numérique peut aussi évaluer les produits non-consommés, comme les médicaments. »
Aider le personnel
Bien que le sujet ne soit pas mentionné parmi les trois valeurs de la feuille de route, la cybersécurité s’intègre à l’ensemble des axes développés. « On n’a pas eu de catastrophe, mais il faut savoir que le système est sensible, qu’il est sujet à des attaques. » Maria-Alice Bertolim évoque également l’importance de la formation des personnels de santé. « Ils savent soigner, mais ne sont pas toujours à l’aise avec le numérique même s’il est là pour les épauler et leur faire gagner du temps. » La feuille de route s’oriente enfin autour de quatre axes principaux : la prévention, la prise en charge, l’accès à la santé et enfin un cadre propice.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert