Une jeune Côte d’Orienne qui a la fibre des réseaux

A 18 ans, Yasmine Cifti a reçu le trophée Essenti’Elle de l’AFPA qui met en lumière son choix de carrière dans une profession peu féminisée. Elle est devenue installatrice et technicienne de réseaux de télécommunication, malgré les barrières auxquelles elle a dû faire face.

Malgré son jeune parcours de technicienne réseaux de télécommunication, Yasmine Cifti a dû faire face au sexisme et au racisme. Elle garde pourtant toute sa motivation à exercer ce métier peu féminisé. (Yasmine Cifti)
Malgré son jeune parcours de technicienne réseaux de télécommunication, Yasmine Cifti a dû faire face au sexisme et au racisme. Elle garde pourtant toute sa motivation à exercer ce métier peu féminisé. (Yasmine Cifti)

A peine 2% de femmes évoluent dans les métiers de l’installation et la résolution de problème dans les réseaux de télécommunication. Pourtant, pour Yasmine Cifti, qui vit en Côte d’Or, cette profession a été une révélation, alors qu’elle était encore adolescente. Aujourd’hui âgée de dix-huit ans, la jeune femme vient de recevoir le trophée Essenti’Elle de l’AFPA qui récompense sa détermination à percer dans un secteur peu féminisé.

L’aventure commence la jeune femme après avoir écouté les conseils d’un ami qui la pousse à faire une courte période d’immersion dans cette filière. Elle est alors accompagnée par l’AFPA dans le cadre du programme promo 16-18, destiné aux jeunes non-scolarisés. « J’ai tout aimé, de la façon dont les formateurs partageaient leur passion pour le métier aux tâches à la fois physiques et intellectuelles. Y’a tout qui joue, c’est magique » s’enthousiasme Yasmine Cifti.

Un permis pour bosser

Très vite, elle intègre la formation d’installatrice de réseaux de télécommunication de l’AFPA. Pendant près de sept mois, elle apprend à installer une ligne de bout en bout, du générateur au client final. Après l’obtention de son diplôme, elle poursuit avec la formation de technicienne réseau de télécommunication. « Je l’ai suivi pendant quelques mois, mais j’ai trouvé un emploi comme technicienne télécom. J’ai pris conseil auprès de mon formateur qui m’a encouragée à y aller, jugeant que j’étais prête. »

Si ces débuts confirment son attrait pour cette profession, sa carrière a été freinée car elle n’avait pas son permis de conduire. L’entreprise décide donc de se séparer d’elle. « J’ai commencé à travailler en binôme mais c’est plus intéressant si les techniciens peuvent aller seuls chez les clients, où qu’ils soient. » Depuis, Yamine Cifti occupe un emploi en blanchisserie pour financer son permis. « J’espère le passer avant l’automne pour retourner dans le métier qui m’intéresse et qui me manque. »

Être une femme de réseau

Face à ces difficultés, le trophée Essenti’Elle de l’AFPA est une raison supplémentaire de s’accrocher pour Yamine Cifti. Cette distinction récompense les femmes qui s’engagent dans une filière qui en compte moins de 5%. Pour rappel, alors que la France s’est fixé l’objectif d’un tiers de métiers mixtes d’ici 2025, les horizons professionnels des femmes restent limités. Tout secteur confondu, 50% d’entre elles se retrouvent dans seulement 12 familles professionnelles sur les 87 existantes. L’Afpa se mobilise donc pour faire progresser l’égalité et la mixité des métiers en formant plus de femmes dans les professions où elles sont sous-représentées.

D’ailleurs, au cours de sa formation, Yasmine Cifti a dû compter sur son fort caractère et l’appui des équipes pédagogiques pour faire cesser les commentaires et blagues sexistes. « Quand j’ai postulé à mon premier emploi, on m’a aussi proposé le ménage ou le secrétariat alors que j’étais diplômée. J’ai dû m’imposer en expliquant que j’avais les compétences et l’envie d’aller sur le terrain. » Et quand ce n’est pas l’employeur, ce sont les clients qui peuvent se montrer réticents à ce qu’une femme, jeune et voilée, intervienne à leur domicile. « Un homme voulait que seul mon collègue homme fasse les travaux et s’offusquait quand je lui faisais remarquer une erreur. Une autre fois, un couple a refusé de nous ouvrir à mon collègue et moi pour que l’on répare une panne car nous étions d’origine maghrébine. Ça m’a fait mal au cœur car je ne vise que la satisfaction client ! »

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert