Une récolte de fruits en demi-teinte
Arboriculteur depuis 2010, Sébastien Curtil récolte actuellement les pommes de son verger. La saison a débuté avec un mois d’avance après que la sécheresse ait impacter les rendements. Avec le changement climatique, le producteur envisage d’adapter les variétés de fruits présentes sur son exploitation.
Pommes, poires, pêches, nectarines, abricots et dans une moindre mesure cerises, Sébastien Curtil exploite 23 hectares de verger à Uchizy dans le Mâconnais depuis 2010. « Nous produisons environ 300 tonnes de pommes par an et 80 tonnes de poires, le reste en plus petite quantité. » En moyenne, l’exploitation compte 1 700 pommiers ou poiriers par hectare contre 600 arbres pour les fruits à noyau.
Après le gel en 2021 qui avait touché à 80% les poires et la totalité de la production de fruits à noyau et bien qu’il ait évité la grêle grâce à ses filets, l’arboriculteur a dû faire face à un sévère épisode de sécheresse cette année. « L’arbre s’est protégé en faisant chuter ses fruits. Nous avons perdu en calibre, cela a impacté le rendement avec une baisse d’environ 20%. » La sécheresse a toutefois ses points positifs puisque les fruits, moins gorgés d’eau, ont moins dilué le sucre, renforçant leurs qualités gustatives.
Les quantités restant suffisantes, les prix sont restés proches de la normale cette année. « Les fruits ont parfois été récoltés trop mûrs et tout arrive en même temps sur les étals. » Sébastien Curtil vend sa production sur plusieurs marchés hebdomadaires, au réseau Gam Vert de Saône-et-Loire, en Côte-d’Or ou encore dans l’Ain, ainsi qu’à la grande et moyenne surface de proximité.
S’adapter au climat
Depuis dix ans, l’arboriculteur constate les effets du réchauffement climatique. « Les cueillettes s’avancent. Avant les pommes se récoltaient de début septembre à début novembre, cette année, on a commencé début août et on devrait terminer le 30 septembre. On en est arrivé à cueillir avec un mois d’avance. » Par ailleurs, Sébastien Curtil n’exclut pas de renoncer à certaines variétés de pommes notamment.
« On essaie de s’adapter, mais les faibles écarts de température entre le jour et la nuit ne permettent plus une bonne coloration du fruit. Nous devrions donc intensifier la production de fruits à noyau. » L’arboriculteur se positionne comme l’un des rares de Saône-et-Loire, « nous ne sommes pas un département de production fruitière », mais il sourit à l’idée que le nombre pourrait augmenter au même rythme que les températures.
Trouver les bonnes personnes
Si l’arboriculteur peut se reposer sur une fidèle équipe de cueilleurs, profitant d’être dans une région viticole où ils naviguent entre les vignes et les vergers, il reconnaît rencontrer d’autres difficultés de recrutement. « Il devient difficile de trouver du personnel qualifié, pour la taille par exemple. Nous devons sans cesse former nos équipes, car il n’y a pas un noyau de jeunes expérimentés sur notre territoire. »